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LA TRIBUNE DU GRAND SUD NEWS
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21 juillet 2015

CAMEROUN: Partage du gâteau national La “part du lion” de la région du Centre ne sert pas aux populations

Curieusement, en dépit de la forte représentativité de cette région disposant d’une quinzaine de ministres avec portefeuilles au sein du gouvernement, son décollage réel tarde à se concrétiser.

Par Francis Bidima

UNE_008Dans le hit parade des régions les plus enclavées du triangle national, le Centre qui a pour chef-lieu le siège des institutions, s’en tire avec le peu « honorable » rang de deuxième, après l’Est qui caracole en tête du classement depuis de longues années. Il est difficile en ce début du XXIème siècle  de vivre  sans questionner certains principes qui fondent l’action et les pratiques des hommes politiques et des hommes d’État. Parmi ces principes, il y a ce qu’on appelle communément raison d’État. Elle seule détermine parfois la mise en œuvre de certaines pratiques qui ne  devraient laisser l’observateur indifférent. Pratiquement, tous les hommes d’État et/ou hommes politiques s’en réclament. Les décisions qu’ils prennent pour le devenir de la nation engagent de facto cet État qu’ils sont censés servir. Il arrive que certaines décisions soient sujettes à caution et fassent l’objet de débats houleux.

 Équilibre régional

Le Cameroun que d’aucuns qualifient d’Afrique en miniature à cause de son cosmopolitisme socio-culturel, ethnique et  géographique, est confronté à plusieurs réalités ambivalentes qui amènent les décideurs à jouer aux équilibristes, afin d’éviter des injustices et des déséquilibres, sources de plusieurs frustrations. Pour revenir au sujet qui nous préoccupe, à savoir le partage du gâteau national et son impact sur les populations, le Président de la République qui ne saurait avoir le don d’ubiquité, nomme en tant que de besoin, un gouvernement chargé d’appliquer et de traduire en actes  concrets son programme politique, pour le bien-être des populations. La raison d’Etat recommande toujours le sacro-saint principe de “l’équilibre régional” (reconnu du reste par la Constitution de 1996) lors de la composition de l’équipe gouvernementale. Mais comme aucune œuvre humaine n’est exempte d’imperfection, des voix s’élèvent toujours pour décrier ce que d’aucuns qualifient de hold-up de certaines régions dites privilégiées au détriment des autres. Tel est le cas de la région du Centre qui monte en puissance depuis la nomination du gouvernement du 09 décembre 2011.  Parmi la quarantaine de postes ministériels dotés de portefeuilles, la Région du Centre dispose à elle seule d’une quinzaine. Toute chose qui ne  pourrait que faire pâlir les autres régions de jalousie. Cependant, une question se pose. Cet effectif pléthorique a-t-il un impact réel sur le développement et le bien-être des populations de cette région ?

 Paradoxe

Prétendre que les fils de la Région du Centre, ayant occupé des postes au sein des gouvernements successifs n’ont rien fait, serait faire preuve de mauvaise foi. Plusieurs d’entre-eux ont posé des actes isolés remarquables avec impact réel sur les populations. Mais prise dans sa globalité, le Centre a franchement de quoi se plaindre de ses élites installées au sein des mécanismes décisionnels. L’on ne saurait comprendre, encore moins accepter qu’une région dont les fils ont toujours géré et continuent d’occuper des portefeuilles tels que les Travaux Publics, l’Administration Territoriale, l’Eau et l’Énergie, les Transports, l’Agriculture, les Petites et Moyennes et Moyennes Entreprises… soit dans un état aussi pitoyable. Prenons par exemple la situation de  l’enclavement où des zones comme Yoko, Ngoro, Afanloum, Edzendouan, Essé, Olanguina, Lembé-Yézoum, Metet, Dzeng, Ngomedzap, Kiiki ...  sont inaccessibles du fait d’une infrastructure routière quasi inexistante, pas d’hôpitaux de référence, pas d’eau, avec un réseau électrique brinquebalant et une jeunesse quasiment abandonnée à la merci des jeux de hasard quand elle ne trouve pas refuge dans la toxicomanie et la prostitution chroniques.

Certaines de ses unités administratives constituent pourtant des portes d’entrée de la capitale politique du Cameroun. La conséquence néfaste de cet enclavement endémique est la paupérisation d’une population sédentaire essentiellement tournée vers l’agriculture. En réalité, l’écrasante majorité de ces populations qui s’estiment aujourd’hui abandonnées à leur corps défendant, pensent que l’élite gouvernementale de la région du Centre a d’autres préoccupations que le bien-être des populations. Pour Jaurès Ayissi Ntsama, jeune cultivateur à Afanloum : « Le président Paul Biya ne peut pas être partout à la fois. Il a nommé des gens pour l’aider à développer le pays. Mais hélas,  ceux-ci pensent plutôt que leur promotion est le fruit de leur appartenance aux réseaux sataniques qui ont pris le Cameroun en otage. Nos frères ministres ne pensent qu’à succéder au président Biya et ne s’attèlent qu’à amasser des fortunes colossales pour réaliser leurs projets conspiratoires, le moment venu. »

D’autres pensent par ailleurs que leurs actions sont diluées par l’individualisme, le sectarisme et le clanisme qui les poussent à privilégier les réseaux occultes au détriment des intérêts de la nation. Autres  raisons évoquées, les luttes d’influence et de leadership qui poussent les membres du gouvernement à se regarder en chiens de faïence. Chacun préfère mener en solo des actions pour se mettre en exergue et se distinguer des autres. 

Au demeurant, les élites du Centre gagneraient à s’organiser au sein d’une association fédérative forte, pour booster l’émergence du Cameroun,  qui commence d’abord par chaque région, à travers des projets globaux de développement et non des m’as-tu-vu isolés signe d’un égocentrisme outrageant, en cette ère de la globalisation.

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Commentaires
B
c'est le Cameroun. la famille d'abord
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