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LA TRIBUNE DU GRAND SUD NEWS
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20 juillet 2015

Cameroun: Interview de Monsieur Mongo Mongo, chercheur, inventeur de la Congulatrice

mongo_mongo_congulatrice_008_ns_350« La congulatrice est une calculatrice améliorée ; avec de nouvelles applications et des fonctionnalités nouvelles. C’est une calculatrice intelligente. C’est le seul appareil au monde qui n’admet pas de virgules. »

Après un Baccalauréat C au Lycée Joss de Douala en 1975 suivi par une Licence en sciences économiques à l’ex Université du Cameroun,  notre invité s’est investi dans la recherche à la mort de son fils élève-officier pilote, décédé tragiquement à Yaoundé en Mai 2003. Dans cet entretien qu’il nous accordé, l’intéressé revient de fond en comble sur les tenants et les aboutissants de son invention, sur divers autres aspects liés à ses travaux sur  la logique des ensembles en Bassa-Français, etc.

Qui est Mongo Mongo ?

Je suis un Camerounais, né le 05 juillet 1952 à SO-Dibanga -localité située  dans l’arrondissement de Messondo, département du Nyong-et-Kellé- région du centre. En 1975, j’ai obtenu un baccalauréat C au lycée Joss de Douala. Par la suite, je suis entré à l’ex université fédérale du Cameroun, à Yaoundé Ngoa Ekellé où j’ai fait des études d’économie option gestion des entreprises et  en quatre ans ; j’ai achevé une licence en sciences économiques (option gestion des entreprises). Plus tard, je suis entré dans le monde du travail. J’ai commencé au FONADER,  de 1980 à 1989. Après la fermeture de cette structure, j’ai intégré le crédit Agricole où j’ai effectivement travaillé de 1990 à 1997 ; lorsque cette banque a fermé, je me suis donc retrouvé au chômage.


Comment devient-on chercheur, disons plutôt inventeur… est-ce par vocation ?

Je me suis véritablement investi dans la recherche à la mort de mon fils, paix à son âme ! qui s’appelait Mongo Mongo Biko, élève officier pilote qui est décédé tragiquement le 23 Mai 2003, des suites d’un crash d’avion. De son vivant, j’avais été intrigué par le fait que lorsqu’il me posait des questions sur certains aspects de l’existence, mon enfant m’interrogeait toujours en ces termes : « Papa pourquoi ? ». Donc face à ses multiples sollicitations, je suis rentré à l’école. Disons pour faire simple que j’ai recommencé les études à zéro…

Comment était-ce possible…  vous étiez quand même déjà licencié en sciences économiques, recommencer les études à zéro pour un diplômé de l’enseignement  supérieur c’est bizarre !

Quand j’évoque les études… je veux parler des études de la vie, je suis rentré à l’école de la vie puisque je n’en savais rien. Je devrais surtout préciser ici que dans cette étude de la vie, il faut apprendre… mais apprendre pour comprendre, comprendre pour savoir, savoir pour savoir-faire, savoir-faire pour savoir-être, savoir-être pour savoir-vivre. A l’époque, après coup j’ai réalisé que j’avais appris mais que je n’avais pas compris. Bref que je n’existais presque pas.


Votre  démarche est très philosophique tout de même?

Il n’y a pour une conscience qu’une façon d’exister, c’est d’avoir conscience qu’elle existe, cette assertion de Jean-Paul Sartre est  tirée de «  L’imagination » que vous avez sûrement lu.  Généralement, nous apprenons pour obtenir des parchemins et nécessairement pas pour comprendre. Lorsque je suis rentré à l’école de la vie, pour comprendre… il fallait bien le faire en une langue, laquelle ? C’était donc  la problématique essentielle.


Dans l’un de ses célèbres ouvrages, le chercheur  Sénégalais de regretté mémoire Cheikh Anta Diop affirmait que l’Afrique ne sera véritablement développée que le jour où les Africains réussiront à traduire les concepts scientifiques en langues Africaines… dans quelques uns de vos travaux que nous avons parcourus, vous n’êtes pas loin du compte…

Il est très difficile de contredire Cheikh Anta Diop que je considère comme l’un des plus grands érudits de l’histoire du continent noirs. Mais il ne s’agit pas, de mon point de vue,  de la traduction des concepts Africains mais plutôt de leur expression ; la langue étant un simple vecteur de communication. Après avoir basé  mes travaux sur  nos langues locales  je suis arrivé à la conclusion qu’elles regorgent des potentialités incommensurables, c’est un patrimoine que nous devons protéger à  tout prix. Il faut pour ce fait saluer l’initiative de l’exécutif qui a promulgué une loi dans ce sens. Nos langues ne sont pas des langues vernaculaires, ni même du charabia, elles peuvent être écrites et enseignées. Avant l’arrivée des occidentaux, les Africains communiquaient entre eux. En septembre 2014, au cours d’une conférence que  j’avais faite à l’institut Français de Yaoundé sur la sémiologie de nos langues nationales, je démontrais à juste titre que les organes de notre corps avaient une signification précise en fonction de leur rôle spécifique. Dans certaines contrées du  Cameroun, chez les Béti par exemple, quand on veut parler du cerveau on dit « boa ‘a »,  chez les Bassa ça donne « Bonha’a », dans ces deux cas de figure, le cerveau est un ordonnateur. S’agissant des poumons nos ancêtres l’appelaient en Bassa « bi saha’ » chez les « Béti » on dit « bi seh binem » ce qui signifie dans un cas comme dans l’autre les balayeurs. Pour désigner l’estomac en Bassa on dit « hi sag » chez les Béti c’est plutôt « Osag », dans un cas comme dans l’autre ça veut dire les broyeurs.

Pour désigner le foie en Bassa on dit « bi sa’a’’ » et chez les Béti « Esek » ce qui veut dire dans un cas comme dans l’autre le tamiseur. A travers ces quelques exemples, comprenez donc par là que l’anatomie n’avait aucun secret pour nos ancêtres. Je pourrais comme cela vous citer des exemples à la pelle ; les noms des organes ont été choisis en tenant compte à leurs fonctionnalités.


Mais M. Mongo Mongo le philosophe Hegel affirmait, parlant du nègre qu’il est un être prélogique… c’est-à-dire inapte à la réflexion !

C’est archifaux ! L’Africain a toujours pensé… en parlant des asymptotes, en mathématiques, figurez-vous par exemple que nos ancêtres ont appelé « Nkak » la colonne vertébrale parce  que les os qui viennent à gauche s’arrêtent à gauche, ceux qui partent de la droite s’arrêtent à droite. L’arbre généalogique a également des fondements mathématiques, demandez à une grand-mère du village qu’elle est ta dérivé, elle n’y comprendra rien. Mais reformuler votre question en lui demandant de décliner son arbre généalogique et le tour sera joué. Au 1er degré vous avez 2 (le père et la mère) au 2ème degré vous avez 4, au 3ème degré vous avez 8, au 4ème degré vous avez 16… c’est de l’algèbre.


Combien de recherches avez-vous dans vos tiroirs en dehors de la « congulatrice », puisque nous en reparlerons plus tard ?

J’ai environ 800 proverbes en Français-Bassa-Français, j’ai également une recherche aboutie sur les mathématiques en Bassa ; sur le langage de la physique en Bassa ; sur la logique des ensembles en Bassa-Français.


Dites-nous maintenant  brièvement quelques mots sur la « congulatrice » ?

La congulatrice est un appareil ordinaire pour des calculs extraordinaires…


Ce qui veut dire ?

La congulatrice est une calculatrice améliorée ; avec de nouvelles applications et des fonctionnalités nouvelles. C’est une calculatrice intelligente. C’est le seul appareil au monde qui n’admet pas de virgules. Par exemple, si tu lui donnes 8 à partager par 9, il vous dira qu’il n’y a rien à  partager ;  il va vous donner 0 et il va rester 8. Si vous lui donner 11 à partager par 9, il va donner 1 à chacun et il lui restera 2. Si vous lui donnez 20 à partager par 9, il donnera 2 à chacun et il lui restera 2… on dira alors que 11 est congru à 2 modulo 9--- on dira aussi que 20 est congru à 2 modulo 9. Mais pour des petites valeurs, il n’y a aucun problème. Pour un calcul aussi complexe que (126896341)89745, qu’aucune machine au monde ne peut résoudre, grâce à la congulatrice on trouve ceci : (126896341)89745= 54538 /1256831/  c’est-à-dire que 126696341 est congru à 54536 modulo 1256831.


Où en êtes-vous avec votre brevet d’invention ?  

La procédure de  brevetage de la congulatrice suit son cours. Mais je voudrais ici condamner l’attitude condescendante des responsables du ministère de la recherche scientifique.


En quoi la congulatrice peut-elle améliorer la vie de tous les jours ?

Après le brevetage de la congulatrice, on la retrouvera peut-être un jour comme application dans les ordinateurs, les téléphones portables et autres tablettes électroniques.

Les vérités scientifiques sont dynamiques, lorsque j’étais au secondaire mon professeur de Mathématiques m’avait enseigné que quand vous avez une équation à deux inconnus il n’y a pas de solutions. Cette vérité est aujourd’hui frappée de caducité.

Entretien mené par Yves Junior Ngangue

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